LE LATIN, TOUJOURS UNE GALERE (d’Obélix…) !

On le sait bien, en latin on rame toujours. Les latinistes du collège ont pu en attester le vendredi 14 février dans le cadre d’un après-midi d’échange autour de la BD Astérix ! De 14h à 17h, les élèves des niveaux 4e et 3e inscrits en option latin ont en effet pu se rencontrer et présenter les travaux qu’ils préparaient en équipes depuis deux mois, devant un jury composé de quatre invités, venus bénévolement : Madame Guéguen, libraire à Lamballe, Monsieur Perrodeau, professeur de Lettres classiques retraité, Monsieur Ferrette, archéologue à l’INRAP de Rennes et enfin Monsieur Ozane, collectionneur patenté de BD…et fin connaisseur de l’univers des irréductibles Gaulois. Retour sur cette séance !

Asterix et son chaudron

Il était temps qu’il arrive, ce vendredi 14 février ! Pour les vacances, évidemment, mais aussi pour donner son aboutissement à toute une longue séquence de travail, tant pour les latinistes de 4e que pour ceux de 3e. L’enseignante de latin, Gaëlle Melscoët, avait souhaité proposer à ses élèves une immersion dans un monument « plus durable que l’airain » (monumentum aere perrenius) du monde de la BD : Astérix et sa galaxie foisonnante, riche en personnages bigarrés et en citations latines. Pour les 3es, l’accent était mis sur la façon dont les peuples et pays étaient dépeints, avec les clichés ad hoc, mais aussi sur le (bon) usage (détourné) d’expressions latines, exactes ou décalées. Histoire que l’Histoire fasse pendant à l’histoire fictive, les 4es, pour leur part, se sont penchés sur ce qu’était l’archéologie, ses méthodes, ses sites incontournables… L’oral étant plus que jamais un domaine à investir, l’objectif fixé à tous était de présenter le travail devant le groupe réuni pour la première fois mais surtout devant un vrai jury, extérieur au collège et faisant autorité en la matière, de par les compétences et professions des quatre membres qui le composaient.

Après l’accueil des participants en salle 13, le rappel du projet de départ, le clin d’œil à la sortie de la veille au Carrefour des Métiers à Saint-Brieuc où le recruteur de l’Armée de l’Air était entré en matière en parlant de la crainte d’Astérix que le Ciel ne lui tombe sur la tête, les hostilités ont pu commencer ! Ce sont les élèves de 4e qui se sont lancés, pour certains sous les yeux de Mme Grain, leur professeure principale venue tout exprès ! Sacha et Devrig ont parlé de 5 grands sites archéologiques du Néolithique ; Evan et Antoine ont évoqué les monnaies romaines, Lucie et Célia les objets que l’on peut retrouver en fouillant une « domus » ; Charline, Bran, Manon et Gurvan ont présenté des cas concrets dont celui de Louise de Quengo ; Tugdual et Riwan ont abordé la question des étapes d’une fouille archéologique tandis que Léane et Enora en ont présenté les outils, de façon ludique et très visuelle : elles avaient en effet réalisé un panneau où les outils étaient reliés à leur usage mais aussi une maquette de champ de fouille avec strates de terre, mousse ou pierre, outils et rubalise. Après chaque intervention, les auditeurs pouvaient réagir et poser leurs questions, tandis que M.Ferrette rectifiait, complétait selon l’axe choisi par les élèves, interrogeait lui-aussi.

Grand oral pour Lucie
Quels outils pour quels usages…
On admire le champ de fouilles
Zoom sur le champ de fouilles

Pêle-mêle des points débattus : quand, le 2d Âge du Fer ? À quoi sert vraiment une grille de relevés ? Pourquoi a-t-il fallu prendre d’immenses précautions en ouvrant le cercueil plombé de Louise de Quengo ? Comment sont réellement morts les habitants de Pompéi ? Qui habitait une « domus » ?… On a aussi appris en quoi l’archéologie était un métier en pleine évolution, du fait du recours au numérique. Palme de l’originalité de ces exposés ? La maquette d’un tumulus en coupe, réalisée par le binôme Zoé/Matthéo, qui a expliqué sa démarche et les étapes de la construction…à partir d’un saladier généreusement donné par maman !!

Un tumulus en coupe
…qui suscite l’intérêt de tous !
Un jury attentif

Puis vint le temps de solliciter les 3es…qui avaient pour leur part dû faire fonctionner leurs méninges afin de maîtriser des citations incontournables issues des BD, de forger un bref argumentaire pour défendre la citation qui leur semblait la plus pertinente et de créer « à la manière d’Astérix » des surnoms à quelques membres du personnel du collège. Chacun a pu mettre la main….au chaudron magique apporté pour la circonstance pour interroger les équipes : il fallait en effet y piocher les citations, les lire en latin…et attendre la bonne traduction ! Du 100% pour certains, du nettement plus confus pour d’autres…qui maudissaient déjà le Ciel gaulois (ou les absents du jour !!) ! Défendre une citation ne fut pas non plus chose aisée : disons plus justement que le faire devant une quarantaine de personnes corse la chose… Alice, avec Ars longa, vita brevis (« L’art est long, la vie est brève ») s’en est fort bien sortie, de même que Juline avec Non omnes possumus omnia (« Nous ne pouvons pas tous tout faire »). Les propos de Romane, sur Donec eris felix, multos numerabis amicos (« Tant que tu seras heureux, tu compteras de nombreux amis ») ont même failli susciter un débat généralisé quand elle a rapproché cet adage de la réalité des réseaux sociaux !

Cogito ergo sum !
Défendre une citation
Les filles au taquet !

La discussion s’est achevée avec la prestation de Madame Aubertot qui, après avoir participé à l’épreuve du chaudron, a défendu Ad augusta per angusta (« Vers de grandes choses par des voies étroites ») en rappelant aux futurs candidats au Brevet et futurs lycéens qu’il convenait d’être ambitieux et de se donner pleinement les moyens de servir cette ambition. Notons que Mme Aubertot s’est exprimée sous haut patronage !

Mme Aubertot se prête à l’exercice…
…sans craindre que le Ciel ne lui tombe sur la tête !

Retenons du travail sur les surnoms les très réussis « Fratri Sportacus » pour les deux enseignants d’EPS, « Describix », pour un professeur connu pour ses caricatures, « Caput-cino », pour le chef cuisinier !

Comme dans tout album d’Astérix, il a bien fallu finir par un banquet, chaudement attendu ! Une fois chacun copieusement servi (et le choix était vaste….même les cookies étaient archéologiques !), on a pu s’accorder un temps d’échange autour de la vie de collectionneur de M. Ozane, secondé par Mme Guéguen qui a fourni des informations sur le fonctionnement des éditions et rééditions. Tout « Astérix », tout « Lucky Luke », tout « Blueberry »…60m3 de BD…des figurines à foison…un passage quotidien sur EBay et consorts pour traquer la perle rare… Les questions à M. Ozane n’ont pas manqué, tant sur la valeur d’une pareille collection que sur les origines de cet engouement (premier album lu à 10 ans) ou sur l’album d’Astérix préféré : Astérix et Cléôpatre …et pas La fille de Vercingétorix dont le langage « de jeunes » ne lui convient pas ! Question de génération, sans doute, mais M.Ozane en a profité pour expliquer combien l’ancien cancre qu’il était a pu aimer la lecture grâce à sa découverte d’Astérix et de la BD en général !! Afin de susciter pareil intérêt, il a eu la gentillesse de laisser une caisse contenant les 38 albums parus afin que les élèves puissent continuer à le (re)découvrir ! En plus de ce prêt, Mme Guéguen a offert aux latinistes quelques ouvrages à explorer ; quant à M.Ferrette, il a mis à disposition des élèves une abondante documentation sur les divers aspects de l’archéologie.

Collectionneur, une passion…

Pauvres latinistes …pour eux, la galère risque fort de continuer à voguer d’ici à la fin de l’année scolaire… D’autant que leur professeure est ravie de s’être fait de nouveaux amis !

Des cookies à la mode archéo !
Omnia vincit amicitia !