Un 11 novembre qui prend voix…

Pas toujours facile pour les élèves de donner sens au 11 Novembre. Jour férié ? Aïe… Fin de la Guerre ? Soit. Mais encore ?!  Les 3es du collège ont eu, en ce jeudi 10 novembre, une opportunité calendaire précieuse de mieux saisir les enjeux de cette date symbole : ils se sont en effet rendus au Cithea de Plouguenast pour assister à une représentation du spectacle « Je les grignote 14-18 », portée par le duo Vassili Ollivro/Clément Palant.

La Guerre mise en scène

Ce spectacle, la précédente cohorte de 3e avait également pu l’apprécier, le 22 novembre 2021 dans la salle polyvalente du collège. Cette fois, le tandem conteur/musicien est véritablement sur les planches. Et ça donne indéniablement une ampleur aux propos, une puissance accrue à la musique, une force au visuel. L’ombre des comédiens et de la contrebasse, portée sur le fond de scène, soutient et grandit le message : cet instrument, ne dirait-on pas un casque à pointe, là, devant nous ?

Une heure durant, l’enchaînement fatal de la Première Guerre mondiale se déploie au son de cette contrebasse qui occupe littéralement une place centrale : sur scène et au cœur du texte. En effet, c’est elle qui scande la marche du temps : de la mobilisation à la vie sur le Front, des permissions aux assauts dans le No man’s land, elle accompagne de façon pulsatile et vibrante le déchaînement des évènements. Vassili Ollivro, le conteur, évoque des figures de Poilus : Antoine qui meurt en tentant de sauver son ami Félix ou Jean-Marie qui n’a d’autre réponse que le suicide quand il réalise que « ceux de l’arrière », parents et fiancée, ne comprennent rien de ce qu’est cette guerre.

Il narre également des tranches de vie : les poux (« totos teutons » ou « poux français » !), le pain débité à la hache, le café qui arrive froid…après le bombardement rituel de 7h00 ; la « roulante », cette cantine itinérante qui améliore le quotidien…quand on peut s’y rendre ; le café du village où, pour quelques heures, on boit et on célèbre "la Madelon" !

Les deux comédiens n’omettent rien de la peur qui saisit, de la violence des combats qui déciment sans compter et contraignent, comme un rituel, « à enterrer les copains le matin ». Leurs deux voix se complètent, sur le ton de la conversation et de la connivence. À la contrebasse s’ajoutent le banjo et la guitare électrique. Voix et instruments mêlés savent emporter le spectateur qui est ainsi happé par le récit : il rit aux boutades échangées, fait une amère grimace quand on évoque « le casque qui récupère les boyaux », est assourdi par la puissance de la guitare qui marque l’assaut… Ainsi, le spectacle ne connait pas de temps mort. D’une Marseillaise initiale, délibérément éraillée, à la camaraderie dans les Tranchées ; de la litanie des morts, implacable, à l’évocation ultime d’un Poilu revenu sauf mais mutilé, une intention s’impose : celle de faire réfléchir à l’inanité de la Guerre. Une veille de 11 Novembre, ça s’impose…

Puissance évocatrice de l’ombre